Pourquoi les essais cliniques sous-estiment GRANDEMENT les bienfaits de la vitamine D

Cher(e) ami(e) de la Santé,

Je préfère vous prévenir tout de suite : cette lettre sera un peu technique.

Si le sujet ne vous passionne pas plus que ça, je vous invite donc à vous rendre directement au résumé, à la fin.

Mais si je tiens à entrer dans les détails, c’est pour une bonne raison.

Cela fait des années que je recommande à tout le monde de prendre, chaque jour, suffisamment de vitamine D pour atteindre un taux sanguin supérieur à 50 ng/mL.

C’est pour moi le geste le plus simple pour améliorer drastiquement sa santé, sur le long terme.

Les autorités sanitaires, elles, ne recommandent pas à la population de prendre de la vitamine D (elles vont parfois même jusqu’à le déconseiller).

Pourquoi ? Qui a raison ?

Pour le savoir, il faut comprendre comment sont menées les études sur la vitamine D et comment les résultats peuvent être manipulés.

De mon point de vue, quand on lit en détail les meilleures études sur la vitamine D, on voit une efficacité ÉCLATANTE.

Les autorités sanitaires, elles, sur la base des mêmes études, concluent à l’absence d’efficacité – ou en tout cas à l’absence de preuve d’efficacité.

Je prétends qu’elles sont de mauvaise foi. Nos autorités de santé semblent être sous l’emprise d’une industrie pharmaceutique qui ne veut pas voir ses traitements chimiques hors de prix concurrencés par des vitamines naturelles et peu coûteuses.

J’ai bien conscience que cette thèse peut paraître extraordinaire pour des « non-complotistes ».Et c’est pour ça que je dois la démontrer, en détail.

VITAL : l’essai clinique le plus important de la décennie sur la vitamine D 

Je vous en ai parlé la dernière fois : entre 2011 et 2017 s’est tenu un essai clinique décisif, nommé VITAL.

Cette étude devait donner un verdict à peu près définitif sur l’efficacité de la vitamine D sur le cancer.

Car c’était la première fois qu’on testait la vitamine D sur autant de gens !

Au total 26 000 participants de plus de 50 ans se sont portés volontaires. Pendant 5 ans, la moitié était censée avaler 2 000 UI par jour de vitamine D, et l’autre moitié devait prendre un placebo.

Alors, ceux qui ont reçu de la vitamine D ont-ils été protégés du cancer ?

Eh bien, oui et non.

Comme je vous l’ai dit dans ma dernière lettre, le résultat a été décevant – en apparence.

Le nombre de cancers diagnostiqués, au bout de 5 ans, était de : 

  • 793 dans le groupe vitamine D
  • 824 dans le groupe placebo.

Cela ne fait « que » 4 % de risque en moins d’avoir un cancer dans le groupe vitamine D (et encore, cette différence pouvait être un hasard statistique).

Et les autorités s’en sont tenues à ce résultat : « pas d’effet sur le cancer », ont-elles conclu.

Mais c’est plus qu’une erreur : c’est une faute grave.

Comme on l’a vu, il est très difficile de « prévenir » un cancer sur 5 ans seulement, sachant que les tumeurs se développent en silence pendant des années.

En 5 ans, en revanche, la vitamine D peut avoir le temps de réduire la gravité du cancer.

Et c’est exactement ce qu’on observe dans l’étude VITAL !

Le groupe qui a reçu de la vitamine D a eu 17 % de moins de morts du cancer. Soit 1 patient sauvé sur 6 !

Et quand on laisse un peu de temps à la vitamine D pour agir (en enlevant les 2 premières années de l’étude), on observe que la vitamine D réduit la mortalité par cancer de 25 %. Soit 1 patient sauvé sur 4 !

Ce sont des résultats exceptionnels.

A eux seuls, ils justifieraient que les autorités recommandent à tous les plus de 50 ans de prendre de bonnes doses de vitamine D.

Mais je voudrais vous expliquer pourquoi cet excellent résultat sur la mortalité par cancer est un strict minimum.

En réalité, la vitamine D fait certainement beaucoup mieux encore… mais cela n’apparaît pas dans les résultats !

C’est un tout petit peu technique, mais cela vaut la peine de comprendre pourquoi :

Si vous la donnez à des personnes non carencées, ça marche moins bien !

Il faut savoir que les 26 000 participants à l’essai clinique n’étaient pas représentatifs de la population générale sur un point essentiel.

Au total, 1 participant sur 10 seulement (13 %) était en situation de « déficience » de vitamine D, c’est-à-dire avec un taux sanguin inférieur à 20 ng/mL.

1 sur 10, cela peut paraître beaucoup… mais par rapport à la population générale, c’est très peu ! Car en France, par exemple, près d’1 personne sur 2 est en déficience !

De fait, selon les études épidémiologiques, entre 40 et 50 % des Français ont un taux de vitamine D inférieur à 20 ng/mL[1].

Donc, les Français sont en moyenne beaucoup plus carencés en vitamine D que les participants de l’étude VITAL !

Pourquoi c’est important ?

Mais parce qu’avaler de la vitamine D aura certainement plus d’efficacité chez ceux qui sont les plus carencés… et moins d’efficacité chez ceux qui ont déjà un taux acceptable !

La preuve avec cet autre essai clinique européen[2], dont je vous ai parlé la dernière fois et dont je vous rappelle les résultats enthousiasmants :

  • En 3 ans seulement, le groupe qui a reçu de la vitamine D a eu 24 % de cancers en moins (contre 4 % seulement dans l’étude VITAL) ;
  • Et il y a eu 0 mort du cancer dans le groupe vitamine D, contre 4 dans le groupe placebo !

Et devinez quelle était la différence majeure entre cette étude européenne et l’étude VITAL ?

Eh bien dans cette étude européenne, les participants étaient davantage carencés en vitamine D au départ : 40 % de participants étaient « déficients » en vitamine D – ce qui est très proche du taux de la population française (40 à 50 %)… et très loin des 13 % de l’étude VITAL !

Vous voyez pourquoi nos autorités sanitaires et médias sont de mauvaise foi : ils citent l’essai VITAL pour dire que la vitamine D n’a pas d’effet sur le cancer…

…puis ils oublient de préciser que cet essai a montré une efficacité de la vitamine D sur la mortalité liée au cancer…

…et ils ne prennent même pas en compte le fait que les participants de VITAL avaient des taux de vitamine D nettement meilleurs que ceux de population française ! 

Et ce n’est pas tout.

Si les participants ne prennent pas tous leurs gélules, ça marche moins bien !

Quand vous testez un remède en organisant un essai « randomisé contre placebo », vos résultats risquent d’être biaisés :

  • Si une partie des participants qui doivent recevoir de la vitamine D renoncent à l’avaler tous les jours…
  • et si le groupe de gens qui vous sert de comparaison (celui qui reçoit le placebo), a le droit de prendre de la vitamine D en plus, de son propre chef !

Eh bien, croyez-le ou non, mais ces deux biais ont joué dans l’essai VITAL !

Attention : je ne dis pas qu’il y a eu « sabotage » volontaire de l’essai.

Ce sont des biais inévitables – mais encore faut-il savoir qu’ils existent, et en tirer les bonnes conclusions !

Voici pourquoi.

Quand vous recrutez 26 000 volontaires, et que vous leur demandez d’avaler des gélules tous les jours pendant 5 ans, vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu’ils le fassent tous parfaitement.

Après tout, ils n’ont pas de pistolet sur la tempe – et personne n’est à leur domicile tous les jours pour vérifier qu’ils prennent bien leurs gélules.

De fait, dans l’essai VITAL, environ 1 participant sur 5 a pris des doses inférieures à ce qui était prévu[3].

Que ce serait-il passé si tout le monde avait bien pris sa vitamine correctement ?

Eh bien les résultats auraient très certainement été meilleurs pour la vitamine D !

Ce n’est pas une simple « intuition » de ma part : cela a été prouvé dans un autre essai clinique !

Il s’agit d’une étude, publiée en 2012, qui a montré une réduction de 15 % des morts du cancer avec la vitamine D (donc très proche des 17 % de réduction trouvés par l’étude VITAL).

15 % de morts en moins du cancer, c’est déjà très bien.

Mais quand les chercheurs ont regardé uniquement les résultats de ceux qui ont réellement pris leur vitamine D tous les jours, ils ont découvert que la vitamine D réduisait la mortalité cancéreuse de 39 %, et non pas seulement de 15 %[4] !

Donc, la vitamine D quotidienne à dose modeste, prise consciencieusement, a sans doute encore plus d’efficacité contre le cancer !

Et il y a un deuxième biais structurel dans l’étude VITAL.

Si le groupe placebo prend de la vitamine D, ça marche moins bien !

Quand on dit que la vitamine D a réduit de 17 % la mortalité par cancer, c’est bien sûr par rapport au groupe placebo.

Cela veut dire que le groupe qui a reçu la vitamine D a eu 17 % de morts de cancer de moins par rapport au groupe à qui on a donné des gélules qui ne contenaient rien.

Mais a-t-on interdit aux participants des deux groupes d’avaler des compléments alimentaires de vitamine D, de leur propre chef ?

Non !

Ils étaient autorisés à prendre jusqu’à 800 UI de vitamine D par jour !

Là encore, c’était difficilement évitable : les Américains sont nombreux à prendre des multivitamines… et les multivitamines contiennent souvent 800 UI de vitamine D. Il est normal que les chercheurs de VITAL n’aient pas voulu interdire aux participants d’avaler leurs multivitamines habituels.

Alors, est-ce que ces doses de vitamine D prises en plus ont pu biaiser les résultats ?

La réponse est oui, car près de la moitié des participants ont effectivement pris des compléments alimentaires contenant de la vitamine D. Cela fait beaucoup !

Et parmi ces participants-là, l’étude était donc biaisée : on testait en réalité l’efficacité de 2 800 UI par jour de vitamine D contre 800 UI par jour de vitamine D (ce qui n’est pas la même chose que de tester 2 000 UI par jour contre 0 UI par jour).

Cela conduit forcément à sous-estimer l’impact positif de la vitamine D, car les 800 premiers UI que l’on avale ont sans doute plus d’effet que les 800 qui viennent s’ajouter aux 2 000 UI que l’on prend déjà.

Mais il y a un biais encore plus important.

Figurez-vous que certains participants ont enfreint les consignes données et ont pris plus de 800 UI par jour de vitamine D…

…et ils étaient près de deux fois plus nombreux à le faire dans le groupe placebo[5] !

Donc, les participants du groupe de contrôle (placebo) ont été plus nombreux à prendre de la vitamine D de leur propre chef que les participants du groupe recevant de la vitamine D. 

Cela peut paraître étonnant, car on ne dit jamais aux participants dans quel groupe ils se trouvent : on ne leur dit pas si les gélules qu’ils avalent tous les jours sont de la vitamine D ou du placebo (c’est le principe de l’étude randomisée contre placebo en « double aveugle »).

Alors pourquoi les gens du groupe placebo ont-ils été plus nombreux à prendre de vitamine D, de leur propre chef ?

La réponse est simple (mais il faut lire l’étude en détail pour la comprendre).

En cinq ans, beaucoup de participants ont été amenés à faire des prises de sang de routine.

Lors de ces prises de sang, ils ont demandé à tester leur taux de vitamine D – et ils ont regardé les résultats avec beaucoup plus d’attention que d’habitude !

Ils ne sont pas idiots : si les autorités financent une grande étude pour vérifier l’impact de la vitamine D contre le cancer, c’est certainement que cette vitamine est très prometteuse… et qu’il faut éviter d’être carencé.

Donc, ceux qui ont vu qu’ils étaient en carence s’en sont particulièrement inquiétés, et ils ont pris de la vitamine D en plus[6] !

Mais qui avait plus de risque d’être en insuffisance de vitamine D ?

Pas ceux qui recevaient 2 000 UI par jour de vitamine D, mais ceux qui étaient dans le groupe placebo, bien sûr !

Et voilà comment vous avez un essai clinique qui compare un groupe qui prend de la vitamine D… à un groupe dont une bonne partie prend aussi de la vitamine D !

Vous imaginez bien que cela ne va pas favoriser les résultats du groupe « vitamine D » !

En résumé

Au total, il est presque « miraculeux » d’avoir trouvé un effet positif sur la mortalité par cancer, dans l’étude VITAL.

Car on a comparé :

  • un groupe prenant de la vitamine D (entre 2 000 et 3000 selon les cas)
  • à un groupe soi-disant placebo, dans lequel près d’1 participant sur 2 prenait un peu de vitamine D… et 1 sur 10 prenait même une dose importante de cette vitamine !

Et malgré tous ces biais défavorables, la vitamine D a quand même réussi à obtenir des résultats positifs, ce qui prouve qu’elle est vraiment efficace.

Vous voyez pourquoi il est si important de lire les études en détail ?

On nous présente les essais randomisés contre placebo comme le nec plus ultra de la science.

Et il est vrai que c’est une méthode très utile. Mais elle a aussi ses propres biais, qu’il faut absolument connaître pour interpréter les résultats correctement.

On ne peut pas se contenter de lire la conclusion, comme le font les autorités, et passer à autre chose.

En l’occurrence, les biais de l’étude VITAL sont systématiquement défavorables à la vitamine D !

Si vous en doutez encore, je voudrais vous donner un dernier exemple. 

Lorsque les chercheurs ont eu accès aux dossiers médicaux des participants de l’étude VITAL, et qu’ils ont donc pu déterminer avec certitude la « vraie cause » de leur mort, l’efficacité de la vitamine D contre la mortalité par cancer a grimpé à 28 % – et non pas seulement 17 %.

Je ne sais pas exactement d’où vient ce biais, mais c’est un fait : quand on examine en détail la cause de la mort des patients, et qu’on ne s’arrête pas à la « codification » donnée par les hôpitaux[7], l’efficacité de la vitamine D apparaît encore meilleure.

C’est encore une raison de penser que le fameux « 17 % en moins de mortalité par cancer » est un strict minimum.

Et c’est aussi une raison de comprendre qu’en cas de résultat « neutre » ou décevant cela ne veut pas dire que la vitamine D n’empêche pas le cancer.

Cela veut dire que la façon dont elle a été testée n’a pas permis de mettre en lumière son efficacité potentielle – peut-être faut-il conduire l’essai sur plus de temps, ou donner des doses plus importantes.

Et si, comme c’est le cas dans l’étude VITAL, on trouve un effet positif majeur – 25 % de moins de de morts du cancer après 2 ans – on peut être à peu près certain que cet effet est réel, et même sous-estimé !

Pour couronner le tout – et au risque de vous lasser – je suis bien obligé de vous dire que je n’ai toujours pas abordé le biais le plus « énorme » de l’étude VITAL.

Vous allez voir, c’est un biais assez inouï, car celui-là n’était pas inévitable.

Les chercheurs avaient même un moyen très simple de l’éviter.

Et s’ils avaient conduit leur étude correctement, ils auraient pu conclure que la vitamine D peut sauver jusqu’à 1 patient sur 2 du cancer, et non pas seulement 1 patient sur 4.

Rendez-vous la semaine prochaine pour savoir pourquoi.

C’est « gros », et c’est le cas de le dire (vous allez voir pourquoi).

Bonne santé,

Xavier Bazin

Sources

[1] « En population générale, environ 40–50 % des Français ont une concentration de 25OHD inférieure à 20 ng/mL (50 nmol/L) et 80 % ont une concentration inférieure à 30 ng/mL (75 nmol/L). https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1169833019300821

[2] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9261319/#s12

[3] Appendix, table S2B

[4] Vitamine D vs. no vitamine D : morts par cancer 0.61 (0.37–1.30) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22112804

[5] “At 2 years, the prevalence of outside use of vitamin D (>800 IU per day) was 3.8% in the vitamin D group and 5.6% in the placebo group; at 5 years, the rates were 6.4% and 10.8%, respectively”.

[6] “These results probably reflect outside screening during the trial for 25-hydroxyvitamin D levels and the initiation of supplementation in some participants who had low levels”.

[7] In analyses restricted to 153 deaths from cancer in patients with medical records or other adjudication of the cause of death beyond the NDI coding, the hazard ratios were 0.72 (95% CI, 0.52 to 1.00) over the total follow-up period and 0.63 (95% CI, 0.43 to 0.92) after the first 2 years were excluded.

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39 réponses

  1. merci pour vos études et partage des informations à qui veut bien les entendre pour ma part je prend de la vitamine D depuis maintenant plus de trois ans .

  2. Je suis tout à fait d’accord avec votre étude, on ne reconnait pas assez l’efficacité de la vitamine D, moi personnellement j’en prends tous les jours à hauteur de 2 à 3000 u depuis 3 ans et mon taux sanguin est à 75 ng

  3. on sait que le monde médical est corrompu par Big pharma. les laboratoires financent les colloques et ne parlons pas de certains médecins de plateaux. les Amish non vaccinés n’ont pas d’autistes et diabétiques ni cancéreux chez les enfants

  4. Merci pour cette explication très claire. Ex médecin à la retraite, je prends depuis 4 ans 1600 UI par jour, et 2400 UI depuis 6 mois seulement. Du coup je passe au travers de presque tout, coronavirus (au pluriel) compris avec une immunité naturelle plutôt excellente.

  5. Excellente analyse Monsieur Bazin. Et en plus, on ne sait pas quelle forme de vitamine D ils ont pris. Ils prenaient des gélules alors qu’il vaudrait de la vitamine d3 en gouttes, il me semble…

  6. Bonjour
    J’ai un taux de vitamine D de 17,3pg/ml, je dois donc prendre 1 empoule 100000UI tous les 2 mois pendant 2 mois

  7. Et sans compter que pour avoir une réelle efficacité de la vitamine D, il faudrait l’associer notamment à la vitamine K2 !

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