Ce remède naturel a mis fin à des souffrances abominables – pourquoi n’en parle-t-on pas plus ?

Cher(e) ami(e) de la Santé,

Regardez cette photo[1] :

Ces trois enfants sont affectés d’une grave maladie.

Une maladie qui a fait infiniment plus de dégâts que la variole, au 19ème et 20ème siècle.

Il s’agit du rachitisme, une maladie des os.

Le rachitisme peut provoquer des déformations (jambes arquées), comme sur la photo, mais aussi des douleurs terribles… et, in fine, une petite taille.

Étrangement, l’histoire de cette maladie et de son éradication a été largement oubliée.

Pourtant, cette maladie existait encore en France, il y a seulement 50 ans[2].

Et au début du 20ème siècle, elle était même extrêmement répandue.

À l’époque, environ 8 enfants sur 10, nés dans les villes européennes et américaines, étaient atteints par ce mal[3], à des degrés divers.

C’est dans le Nord de l’Europe que la situation était la pire : en Finlande, la prévalence totale du rachitisme pouvait encore atteindre 80 % entre 1920 et 1950[4].

Tous les cas ne se voyaient pas à l’œil nu, heureusement. Mais l’essor des radios a révélé des déformations osseuses plus ou moins graves chez un nombre considérable d’enfants.

Ainsi, même à Sidney, en Australie, une ville pourtant bordée de plages ensoleillées, on diagnostiquait du rachitisme chez la moitié des enfants hospitalisés, encore en 1929[5].

(Je précise « ensoleillées »), car comme on le verra, le grand remède curatif et préventif du rachitisme est la vitamine D).

Déformations, souffrances… et petite taille

Il faut mesurer les grandes souffrances causées par cette maladie, dans ses cas les plus graves.

Pour cela, rien ne vaut la lecture des fameuses Cliniques médicales de l’Hôtel-Dieu de Paris du Dr Armand Trousseau, datées de 1861. Un chapitre entier est consacré au rachitisme :

« Maladie de la première enfance, elle intervient généralement à la fin de la première année (…). Les lésions produites restent souvent incurables, les malheureux gardent d’horribles difformités »

« Lorsqu’on s’approche d’un enfant rachitique, on est frappé par sa physionomie, si souvent empreinte d’un air de tristesse et de souffrance. (…) La position couchée est celle qu’il garde toujours. Lorsqu’on veut le déplacer, il pousse des cris plaintifs (…). Il souffre en effet (…). Lorsqu’on veut le tenir debout, il se plaint encore davantage, tant est grande sa faiblesse. »

« Quand la maladie est arrivée à un certain degré, on constate une déformation du tronc et des membres… Ces déformations sont d’autant plus frappantes qu’elles coïncident avec la grande maigreur des malades ».

Notez aussi cette observation importante :

« Un enfant rachitique n’est guère plus grand à deux ans qu’un enfant de six mois. Le petit garçon dont voici l’image avait douze ans mais ne mesurait pas un mètre de hauteur, c’est-à-dire qu’il n’atteignait pas la stature d’un enfant de trois ans. »

De fait, l’éradication progressive du rachitisme est une des raisons de la hausse spectaculaire de la taille des Occidentaux, entre 1850 et 1980 (voir mes dernières lettres à ce sujet).

Car le rachitisme a été mieux soigné, à partir du milieu du 19ème siècle…

…puis largement éradiqué dans les 20 à 30 ans qui ont suivi la Première Guerre mondiale.

Tout cela, grâce à une simple huile.

Comment la « potion magique » anti-rachitisme a été découverte

C’est à partir du 17ème siècle que les médecins européens ont commencé à s’inquiéter du rachitisme.

D’abord en Grande-Bretagne. Puis un peu partout en Europe du Nord.

Étonnamment, seule l’Europe en pleine industrialisation semblait concernée par cette maladie.

À la fin du 19ème siècle, alors que le rachitisme est endémique dans les villes britanniques, un médecin missionnaire témoigne que cette maladie n’existe pas au Japon.

Ses correspondants lui confirment que la maladie est également très rare en Asie et Afrique du Nord [6].

Alors, ce médecin britannique écrit au British Medical Journal en 1888… et recommande des « bains de soleil » pour soigner le rachitisme[7] !

Il avait compris le problème de fond : le manque d’exposition au soleil des mères et enfants (avec la révolution industrielle, mères et enfants passaient beaucoup plus de temps entre quatre murs, plutôt que dans les champs).

Mais peu nombreux sont les médecins qui comprirent l’importance de ces « bains de soleil » au 19ème siècle.

Heureusement, un « remède magistral » a commencé à se faire connaître.

Une potion magique qui fera tordre de dégoût des millions d’enfant… mais qui va pourtant les sauver de cette grave affliction.

Ce remède, c’est l’huile de foie de morue.

Dès 1824, un médecin allemand publie un rapport extraordinaire : il décrit le cas d’enfants entre 3 et 5 ans incapables de marcher… et guéris en deux mois grâce à l’huile de foie de morue[8].

En France, un des pionniers de la médecine moderne, le Dr Pierre Bretonneau, remarque aussi l’incroyable efficacité de ce remède dès 1827.

Il a vu de ses yeux la guérison foudroyante d’un bébé de 15 mois, pourtant gravement atteint. Et il a ensuite guéri de nombreux autres enfants rachitiques, avec l’huile de foie de morue.

(Notez que sa fiche Wikipedia ne mentionne même pas le mot « rachitisme » : il est seulement célébré pour avoir défendu l’origine infectieuse de la diphtérie et des fièvres typhoïdes – je le précise car c’est très révélateur de l’obsession « pasteurienne » de l’identification des germes au détriment de l’importance de renforcer le « terrain » – comme un bon taux de vitamine D).

Un de ses étudiants, Armand Trousseau, reprend le flambeau et devient bientôt un médecin reconnu, membre de l’Académie de médecine.

Une médication « héroïque » (Dr Armand Trousseau, 1861)

J’ai cité au début de cette lettre la façon dont le Dr Trousseau décrit le rachitisme, dans ses Cliniques médicales de l’Hôtel-Dieu de Paris, datées de 1861.

Mais il ne s’est pas contenté de décrire soigneusement la maladie.

Il a aussi soigné avec succès de nombreux malades !

Y compris des adultes, d’ailleurs – car il avait compris que le rachitisme des enfants et l’ostéomalacie des adultes (maladie des os) étaient la même maladie.

Il décrit ainsi le cas spectaculaire d’une femme souffrant d’ostéomalacie avancée depuis 8 ans :

« Nous fûmes tout de suite frappés de ces déformations (…). Nous fûmes frappés de l’exiguïté de la taille, qui, autrefois, nous disait la malade, de 1,78m, était réduite à 1 mètre. (…)

Eh bien ! messieurs, cette femme guérit : elle guérit sous l’influence de l’huile de foie de morue que je lui prescrivis dès son arrivée à l’hôpital (…).

Vous comprenez que cette guérison s’opéra comme elle s’opère dans le rachitisme. »

C’est ainsi que le Dr Trousseau, en 1861, fit cette déclaration capitale :

« Messieurs, ce qui contribue encore à me faire penser que l’ostéomalacie et le rachitisme ne sont qu’une même maladie, c’est que l’un et l’autre sont merveilleusement combattus par la même médication.

Cette médication qui, dans le traitement du rachitisme, peut être considérée comme véritablement héroïque, c’est l’huile de foie de morue ».

Et il ajoute « aujourd’hui (donc en 1861), il n’est pas un médecin qui n’y ait recours pour traiter les enfants rachitiques ».

C’est fascinant… car quelques années plus tard, ce savoir médical semble s’être perdu.

Je n’ai pas l’explication du pourquoi ni du comment.

Mais c’est un fait, car les cas de rachitisme étaient extrêmement nombreux en Europe au début du 20ème siècle.

Cela veut dire que, malgré l’efficacité absolument spectaculaire du remède, personne n’a pensé à le donner en prévention à tous les nourrissons.

Pas avant 1920, en tout cas.

Je vous raconte la suite la semaine prochaine.

Restez connecté, car c’est un sujet passionnant.

Bonne santé,

Xavier Bazin

Sources

[1] Enfants affectés de rachitisme au début des années 1900 – Wellcome Library, London

[2] https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/vitamine-d-la-longue-histoire-dune-potion-magique_4287775.html

[3] https://www.mdpi.com/2072-6643/15/3/593

[4] https://helda.helsinki.fi/bitstream/handle/10138/166137/vitamind.pdf?sequence=1

[5] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1975194/

[6] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3277100/

[7] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3277100/

[8] https://link.springer.com/article/10.1007/s00264-019-04288-z

47 Commentaires

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47 réponses

  1. Excellent article. Je ne suis pourtant pas pêcheur brestois ni Terre-neuvien, mais j’aime toujours découvrir des choses, même à 76 ans ! Votre article très documenté, révèle l’efficacité de l’huile de foie de morue notamment dans le domaine de la médecine pour lutter contre le rachitisme.
    Bon courage, j’attends la suite avec impatience.

  2. je suis étonnée que vs ànnnociez ce sujet bien connu comme une révélation. Une de mes filles qui a 52ans prenait de la vitamine D pour prévenir le rachitisme..je suis favorable à la medecine naturelle et suis intéressée par votre information mais je n’ai ni le temps ni l’envie de passer tant de temps à lire vos articles .d’autre part, il y a trop de « miracles.  » soyez plus sobres !!
    Vous finissez par vous discréditer à la façon des docteurs miracles de l’ouest américain !!!.si vs voulez être crédible changer sinon j’en déduirai que ns à faire A des
    charlatans

  3. Je suis un peu concerne’ par cette maladie,merci d’en parler,c’est la premi’ere foi que je lie sur ce sujet,j’esp’ere ‘a de bonnes informations.

  4. Bjr – une question sur l’efficacité de la vit D3 tirée de lanoline et celle du foie de morue ? Merci

  5. Impressionnant dire que de nos jours on la boude cette huile
    Savez vous que moi qui ai 71 ans je consomme encore des foies de morue régulièrement, la première des raisons eh ben contre les coups de fatigue, la deuxième, ben parce que j’aime bien ça !

  6. Votre lettre est un puit de connaissances.
    Je me souviens que ma grande soeur née en 1946 devait prendre de l’huile de foie de morue car elle s’alimentait mal.

  7. Merci pour vos commentaires très intéressants et non subordonnés à la proposition de l’achat d’un produit miracle au bout de 15 pages de
    commentaires redondants

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