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Cher(e) ami(e) de la Santé,
Franz Anton Messmer est un des personnages les plus controversés de la médecine.

Pour certains, c’est un médecin visionnaire. Pour d’autres, un immense… charlatan.
Une chose est sûre : à la fin du 18ème siècle, il a mis le doigt sur quelque chose de plus grand que lui.
Car le Dr Messmer est considéré comme le fondateur de l’hypnose moderne. En anglais, hypnotiser se dit « mesmerize », en son honneur.
Or l’hypnose est désormais validée scientifiquement : elle envahit même les hôpitaux, comme technique miracle pour opérer certains patients sans anesthésie1.
Et pourtant, pendant deux siècles, les médecins et scientifiques ont jugé que l’hypnose était une technique « charlatanesque », « pseudo-scientifique ».
Aujourd’hui, les mêmes esprits « rationnels » rejettent d’un revers de main l’autre grande découverte du Dr Messmer, le magnétisme thérapeutique.
Comme pour l’hypnose, la science finira-t-elle par lui donner raison ?
Messmer sera-t-il reconnu comme le génie de la synthèse entre la puissance de l’esprit (hypnose) et le pouvoir des énergies (magnétisme) ?
Dans tous les cas, l’histoire de ce médecin hors norme doit absolument être connue :
La naissance du magnétisme médical
Messmer est né en 1734, près du lac de Constance, en Allemagne. Très vite, il est influencé par les idées de médecins précurseurs comme Paracelse (16ème siècle).
Paracelse pensait que la santé est un « état d’harmonie entre le microcosme individuel et le macrocosme céleste ». Pour lui, il existerait des fluides cosmiques qui nous influencent. Et il jugeait que notre esprit était la clé pour agir sur le corps.
Dans cette lignée, Messmer intitule sa thèse de doctorat en médecine : De l’influence des planètes sur le corps humain.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, sa thèse n’a rien à voir avec l’astrologie.
Messmer a un esprit scientifique. C’est un homme des Lumières, qui s’est lié d’amitié avec les génies de son temps, comme Mozart et Haydn.
Pour lui, les « fluides magnétiques » sont des phénomènes naturels (et non surnaturels) que l’on doit pouvoir analyser rationnellement.
C’est ainsi qu’il s’intéresse au pouvoir des aimants pour restaurer la santé.
Mais il réalise que l’on peut obtenir les mêmes résultats par la simple « imposition des mains »… à la simple condition d’être doté d’un fort « sens magnétique ».
C’est à Paris qu’il publie son œuvre maîtresse : Mémoire sur la découverte du magnétisme animal.
Selon lui, il existerait un fluide physique « universel », qui emplit l’univers et relie les hommes.
La santé, ce serait la libre circulation de ce « processus de vie » à travers les milliers de canaux existant chez l’humain.
À l’inverse, la maladie serait une sorte de « mauvaise circulation » de ce fluide, ou bien un déséquilibre de ce fluide dans le corps humain…. et il pourrait suffire de mieux le répartir pour guérir.
Son fameux magnétisme animal, c’est la capacité d’un thérapeute à guérir son patient grâce au fluide naturel qu’il parvient à transmettre à son patient.
Le médecin de Marie-Antoinette !?
Quoi qu’on en pense sur le fond, Messmer connaît en quelques mois un IMMENSE succès avec sa thérapie :
Le militaire décoré, l’artisan, le médecin, le chirurgien… On voit arriver en foule chez ce célèbre médecin des hommes et des femmes de tout âge et de toute condition2.
Il prétendait soigner à peu près tout… et la foule parisienne était de plus en plus nombreuse à venir le voir.
Pour faire face, il embaucha des assistants et finit par construire un « baquet » composé d’aimants pour soigner plusieurs personnes à la fois.

Séance parisienne autour du fameux « baquet » à aimants de Messmer
Des phénomènes sidérants se produisaient sous l’influence de Messmer : des femmes, nobles ou bourgeoises étaient prises de convulsions, parfois violentes, ou bien se laissaient aller à des éclats de rire ou des pleurs incontrôlés.
Un témoin de l’époque décrit ainsi une de ces crises :
« Respiration précipitée ; elle tordait ses bras en arrière, le corps penché en avant ; tout son corps tremblait ; le claquement de dents était si bruyant qu’on l’entendait du dehors ; elle s’est mordue la main assez fort pour y laisser la marque des dents »3
Très vite, Messmer devient presque aussi célèbre que le roi… et obtint la protection de la reine Marie-Antoinette4, dont l’entourage aurait été soigné avec succès par Messmer.
Même le Marquis de Lafayette écrit une lettre enthousiaste à George Washington :
« Un docteur allemand nommé Messmer, ayant fait la plus grande découverte sur le magnétisme animal, a formé des élèves, parmi lesquels votre humble serviteur est appelé l’un des plus enthousiastes »5
Le phénomène est tel que Louis XVI lui-même veut en avoir le cœur net.
Alors il nomme deux « commissions » scientifiques, composées des esprits les plus brillants de son époque.
À la recherche du fluide de Messmer
Parmi ces hommes : le grand chimiste Antoine Lavoisier, et le « découvreur » de l’électricité, Benjamin Franklin.
Leur objectif n’était pas de savoir si la thérapie de Messmer était efficace pour guérir.
Ils cherchaient à savoir si son « fluide universel » avait bien une réelle existence.
Armés d’un « électromètre », ils ne décelèrent aucun fluide électrique. Et après avoir observé les fameuses convulsions, ils en conclurent que ces phénomènes extraordinaires étaient dus au pouvoir de l’imagination.
C’était déjà un aveu extraordinaire, fondateur pour la médecine de l’esprit !
Benjamin Franklin, lui-même, reconnut que le fameux « agent nouveau [n’était] peut-être que l’imagination elle-même, dont le pouvoir est aussi puissant qu’il est peu connu »6.
Le grand Charles Deslon, membre de l’Académie royale de médecine, publia même un contre-rapport où il écrit :
« Si la médecine d’imagination est la meilleure, pourquoi ne ferions-nous pas de la médecine d’imagination ? »7
Mais ce n’est pas du tout ce que décida la Faculté de Médecine.
Au contraire, elle imposa brutalement à tous les médecins de renoncer formellement au « magnétisme animal », en pratique, et même dans leurs écrits !
Messmer dut alors quitter Paris. Après quelques pérégrinations, il finit par se retirer, oublié de tous, pour mourir en 1815, près de l’endroit où il est né, au bord du lac de Constance.
Mais le « magnétisme » n’a pas disparu avec Messmer, bien au contraire.
C’est ce qu’on verra la semaine prochaine, restez connecté !
Bonne santé,
Xavier Bazin


