Le problème avec les « stents »

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Cher(e) ami(e) de la Santé,

Jean-Pierre m’a écrit ceci :

« Il y a quelques années, mon médecin m’a prescrit une angiographie qui a révélé l’artère iliaque droite bouchée (NDA : l’artère iliaque est celle qui irrigue les jambes).

Consultation chez le cardiologue qui souhaite opérer soit en posant un stent sinon faire un pontage entre les 2 artères iliaques.

Je refuse pour raison personnelle et il me prescrit Aspirine 100.

Après contrôle, le corps a créé son propre pontage et tout va bien ! »

Voilà un témoignage intéressant !

Mais est-il valable pour vous ?

Que faire si vous avez un jour une artère à moitié bouchée ?

Le cas le plus fréquent, c’est l’angine de poitrine, ou angor. Au moindre effort, vous avez mal à la poitrine, votre cœur se « serre », vous avez l’impression d’étouffer.

Beaucoup de cardiologues proposent alors de passer sur le billard pour poser un « stent » (je vais vous expliquer comment ça fonctionne).

Si cela vous arrive, c’est le moment ou jamais de vous poser les bonnes questions.

Car en dehors des cas d’urgence, la pose de « stents » est une intervention qui comporte des risques non négligeables.

Un progrès médical détourné de son but

Tout a commencé par une invention salvatrice, affinée en 1977 : l’angioplastie.

Elle consiste à insérer un petit ballon dans une artère dans le but de la déboucher.

L’angioplastie consiste à insérer un petit ballon dans l’artère et de le gonfler pour écraser la plaque d’athérome (ici en jaune) contre la paroi – regardez cette vidéo si vous voulez voir comment cela fonctionne précisément

Pratiquée en cas d’urgence, de situation de vie ou de mort, l’angioplastie sauve des vies.

Le problème, c’est que, comme toute opération chirurgicale, elle comporte aussi de vrais risques.

À tout moment, la circulation sanguine peut être stoppée par le petit ballon, et vous risquez l’arrêt cardiaque… Des morceaux de la « plaque » qui obstruait votre artère peuvent se détacher et provoquer un infarctus ou un AVC…. L’opération peut aussi causer de graves hémorragies.

Et comme pour toute opération pratiquée dans un hôpital, vous courrez le risque d’attraper une infection mortelle.

Bien sûr, quand vous avez une crise cardiaque, il ne fait aucun doute que les bienfaits de l’opération l’emportent nettement sur ses risques.

MAIS ce n’est pas aussi évident lorsque vos artères bouchées se contentent de vous faire « souffrir », comme en cas d’angine de poitrine.

Ce petit « grillage » qui a transformé la cardiologie

Car l’opération s’attaque à l’effet, mais pas à la cause. Elle soulage le symptôme, mais ne change rien à la raison pour laquelle votre artère est bouchée.

Résultat : les cardiologues ont vite constaté que les artères de leurs patients se rebouchaient rapidement après l’opération. En dehors des cas d’urgence, la chirurgie n’avait servi à rien.

Contre ce problème, les cardiologues ont cru trouver une « solution miracle » dans les années 1980.

C’est l’invention du « stent », un petit grillage en fer.

Au moment de l’angioplastie, les cardiologues insèrent un petit grillage dans l’artère, dans l’espoir de la maintenir bien ouverte :

Cela semblait répondre parfaitement au problème de l’angioplastie…

… et du coup, la pose du stent s’est très vite généralisée.

Mais là encore, les cardiologues ont fini par en voir les limites :

La réalité du « progrès médical » et de ses complications

Le gros problème du stent, c’est que ce petit morceau de métal peut causer des crises cardiaques.

Tout simplement parce qu’un caillot de sang peut se former à l’endroit même où a été posé le stent, à cause de la structure métallique. C’est ce qu’on appelle une « thrombose de stent ».

Et puis, pour certains patients, cette opération était inutile : malgré le stent, leur artère se rebouchait en quelques mois.

Alors, les cardiologues ont inventé le « stent actif » dans les années 1990.

Ce nouveau « stent » a un enrobage perfectionné, qui libère un médicament « anti-rebouchage » pendant plusieurs mois.

L’avantage, c’est que les patients avaient moins de récidives : leur artère restait débouchée plus longtemps.

Mais ces stents-là causaient aussi beaucoup plus de « thromboses de stent » et donc d’infarctus, parce que les fameux médicaments libérés par le stent empêchent l’artère de cicatriser rapidement.

Pour compenser ce risque d’infarctus, les cardiologues ont alors donné à leurs patients de très grosses doses de médicaments « anti-caillot ».

Mais ce qui devait arriver arriva : ces surdoses ont aussi causé davantage de saignements graves et d’AVC hémorragiques ! (Ce qui qui doit arriver quand vous empêchez votre sang de coaguler correctement).

Vous voyez le problème : aucune « solution » n’est totalement satisfaisante.

Au début des années 2010, certains cardiologues ont placé leurs espoirs dans l’invention de stents « biodégradables ».

Ces stents ont l’avantage de s’éliminer progressivement, naturellement, après 3 mois.

Résultat : on peut réduire la dose de médicaments anti-caillots, et donc diminuer le risque d’hémorragie.

Mais l’espoir a été de courte durée. Une étude menée par des chercheurs suisses a montré que ces stents augmentent le risque d’infarctus1.

Car lorsque ce stent biodégradable se dissout, des fragments peuvent s’agglomérer, provoquer un caillot, boucher votre artère… et causer une crise cardiaque.

Bref, toutes ces interventions chirurgicales comportent de sérieux risques.

Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont jamais utiles – mais cela plaide clairement pour une approche plus naturelle, à chaque fois que c’est possible.

La bonne nouvelle, c’est que le monde médical commence à s’en rendre compte.

Depuis les années 2010, la science et le bon sens progressent

En 2012, des chercheurs ont examiné le devenir de près de 8 000 patients soignés soit par la pose d’un stent, soit par des médicaments anti-caillot uniquement2.

Après 4 ans, le taux de mortalité était à peu près identique dans les deux groupes.

Conclusion du Dr Harlan Krumholz, un des plus grands cardiologues au monde3 :

« Quand les patients doivent prendre une décision, il est important de leur révéler que cette procédure – hors urgence – n’est pas connue pour sauver des vies ou éviter des crises cardiaques.

La grande majorité des patients qui subissent cette opération s’attendent à vivre plus longtemps. Ce n’est pas ce que dit la science. »

Pendant des années, on a posé des stents de façon abusive, sans nécessité vitale. Mais les esprits commencent à évoluer.

Car en 2019, une méga-étude a clôt le débat scientifique4.

Il s’agit d’ISCHEMIA, un essai clinique comprenant plus de 5 000 participants.

Tous les patients avaient des artères bouchées : parfois modérément, parfois sévèrement (entre 70 et 90 % de sténose).

La plupart avaient les symptômes d’une angine de poitrine stable, avec des douleurs à la poitrine, en cas d’activité physique.

Ces patients ont été séparés en deux groupes :

  • La moitié a reçu uniquement des médicaments à avaler ;
  • L’autre moitié a subi, en plus des médicaments, une intervention « invasive » : stent dans la plupart des cas, pontage chirurgical pour les autres.

Résultat ?

Au bout de 4 ans, il n’y avait aucune différence de mortalité entre ces groupes.

Pourtant, la Dr Judith Hochman, l’une des auteurs de l’étude, s’attendait à voir un impact positif du stent ou du pontage chez les patients les plus gravement atteints5.

Mais non : les stents et pontages ne sauvent pas la moindre vie, y compris chez ceux qui avaient les artères les plus bouchées, ou ceux qui avaient de vives douleurs de poitrine.

Il faut le savoir et se tourner vers une option beaucoup plus prometteuse.

Voici comment vous préparer un « pontage » naturel

Le meilleur remède pour vos artères, c’est bien sûr… un mode de vie sain et protecteur.

Figurez-vous que la nature a même un système extrêmement sophistiqué pour vous sauver la vie lorsque vos artères sont largement bouchées.

Oui, votre organisme est capable de faire tout seul une sorte de « pontage naturel », similaire à celui des médecins.

Pour mémoire, un pontage consiste à créer un petit « pont » autour d’une artère obstruée. C’est une sorte de dérivation pour que le sang puisse circuler sans encombre, en contournant le passage difficile. Un peu comme lorsque l’on crée une déviation sur une route pour éviter un passage en travaux.

Eh bien en quelques mois, votre organisme est capable de créer lui-même un petit réseau artériel qui contourne l’obstacle.

Comme dans le cas de Jean-Pierre, cité au début de cette lettre.

Mais cela marche à une condition : que vous ayez une activité physique régulière6 !

C’est prouvé : il faut bouger !

C’est efficace, sans risque… et les effets « secondaires » sont d’être en meilleure forme générale.

La morale de l’histoire des stents

La médecine moderne fait des miracles en cas d’urgence… mais elle est beaucoup plus limitée contre les maladies chroniques, liées au mode de vie.

Contre les artères bouchées, par exemple, il n’y a qu’un seul type de solution efficace et sans risque : arrêter de fumer, adopter une alimentation méditerranéenne, pratiquer de l’activité physique, etc.

C’est cela qui devrait être communiqué aux patients, en priorité. En évitant de leur faire croire qu’un médicament ou un bistouri sont la solution à tout.

Certes, tout le monde n’est pas prêt à faire de sérieux changements dans son mode de vie.

Il est donc compréhensible que le monde médical cherche aussi des solutions technologiques, comme les stents.

Mais encore faut-il être honnête sur leur intérêt et leurs limites.

Or, cette transparence n’est pas la plus grande qualité du monde médical – à la fois par manque d’humilité, et pour des raisons financières (la pose de stents rapporte gros).

Résultat : des interventions utiles dans des cas d’urgence sont souvent généralisées de façon abusive.

L’exemple le plus caricatural est celui des médicaments anti-acides (IPP) : ils ont été conçus pour être utilisées quelques semaines au maximum, le temps que la paroi de l’œsophage cicatrise… et maintenant, ils sont consommés pendant des années par des millions de patients, produisant de sérieux dégâts sur le cœur, le cerveau et les reins7.

On pourrait aussi mentionner les antibiotiques, longtemps utilisés en excès, les anti-inflammatoires pris quotidiennement sur une longue période, ou encore les procédures de dépistage trop systématiques (prostate, mammographie, etc.).

Comme pour le stent, on minimise les risques de l’intervention médicale, on en exagère les bienfaits…

… et on ne met pas assez en avant les alternatives naturelles – plus efficaces et moins risquées.

Bonne santé,

Xavier Bazin

PS : Précision importante. Dans l’étude ISCHEMIA, la pose d’un stent ne sauve pas de vie mais a tout de même un effet positif non négligeable : diminuer les douleurs du patient.

Le problème est qu’il pourrait s’agir d’un effet placebo. C’est ce que suggère une étude de novembre 2017, publiée dans The Lancet8.

Dans cette étude, les chercheurs ont fait quelque chose d’assez « osé ».

Ils ont sélectionné un groupe de 200 patients ayant une artère coronaire quasi-bouchée, avec de réelles douleurs à la poitrine en cas d’effort.

Puis ils ont fait subir à chacun de ces 200 patients une opération chirurgicale… mais seule la moitié d’entre eux se sont vu poser un stent.

Pour l’autre moitié, l’opération était purement « placebo ». Ils ont reçu les mêmes gestes chirurgicaux, mais sans avoir de stent.

Bien sûr, les patients ne savaient pas s’ils avaient eu la « vraie » ou la « fausse » opération.

Et au bout de 6 semaines, on leur a demandé de courir sur un tapis de course. Résultat : ceux qui avaient un stent n’avaient pas moins de douleur que les autres !

Cela a beaucoup surpris les cardiologues, qui auraient juré que la pose d’un stent soulageait leurs patients… mais c’était au moins en partie dû à l’effet placebo de l’opération.

Sources

[1] https://www.rts.ch/info/sciences-tech/medecine/9051171-les-stents-biodegradables-augmentent-le-risque-d-infarctus-selon-une-etude.html

[2] https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/1108733

[3] http://www.nytimes.com/2012/02/28/health/stents-show-no-extra-benefits-for-coronary-artery-disease.html

[4] https://www.acc.org/latest-in-cardiology/clinical-trials/2019/11/15/17/27/ischemia

[5] https://www.nytimes.com/2019/11/16/health/heart-disease-stents-bypass.html

[6] https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/circulationaha.115.016442

[7] https://www.sante-corps-esprit.com/brulures-destomac-reflux/

[8] http://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(17)32714-9.pdf

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