Ces étranges remèdes du Moyen-Âge

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Cher(e) ami(e) de la Santé,

La « médecine » du Moyen-Âge est souvent… surprenante.

Regardez plutôt ces « remèdes » que l’on trouvait dans une pharmacie officielle en 16071 :

  • Cervelles de passereaux, têtes de lézard, yeux d’écrevisses, poumons d’agneau (calcinés), couillons de jeunes coqs ;
  • Fiente de pigeon, d’oie, de cigogne, d’âne, de rats, de lézards ;
  • Os de licorne râpés, ivoire râpé, dent de sanglier.

Et ce n’est rien à côté de la bizarrerie des remèdes de sorcières, couramment utilisés dans les campagnes2 :

  • Contre le mal de tête : « se lier les tempes avec une corde de pendu » ;
  • Contre la toux : « cracher dans la gueule d’une grenouille vivante » ;
  • Contre le mal de gorge : « Attacher une branche de prunier dans la cheminée, appliquer un soc de charrue au creux de l’estomac »

Ridicule, n’est-ce pas ?

Eh bien, non, pas forcément.

Je crois même pouvoir vous démontrer que sur certains aspects, cette curieuse médecine a des choses à nous apprendre.

La bave d’escargot… ça marche !

D’abord, la médecine d’autrefois ne se résumait pas à ces remèdes exotiques.

On trouvait au Moyen-Âge une excellente utilisation des plantes médicinales, conforme à ce que les herboristes scientifiques recommandent aujourd’hui : la guimauve contre les piqûres d’abeille, l’achillée millefeuille contre les brûlures, l’aigremoine contre les blessures, le plantain contre les affections des yeux, etc.

Et même les remèdes qui nous paraissent les plus bizarres pouvaient avoir de réelles vertus.

L’exemple le plus connu est la bave d’escargot. Vantée depuis Hippocrate pour sa capacité à guérir les hernies, elle a été étudiée avec le plus grand sérieux par les pharmaciens et scientifiques dès le 19ème siècle.

Et figurez-vous qu’ils ont découvert qu’elle possédait d’authentiques vertus fluidifiantes pour les voies respiratoires… si bien qu’un antitussif à base de bave d’escargot, l’Hélicidine, a été mis sur le marché en 1957, et se trouve encore en pharmacie aujourd’hui.

Mais cela reste anecdotique à côté du fabuleux pouvoir d’une potion du 10ème siècle.

La bile de vache plus efficace que les antibiotiques !

C’est une découverte qui a fait la Une des médias en 2015 : une chercheuse de l’Université de Nottingham a découvert dans un grimoire vieux de mille ans une recette plus puissante que les antibiotiques pour détruire le terrible staphylocoque doré (MRSA).

C’est un progrès d’autant plus spectaculaire que le MRSA est le cauchemar des chirurgiens : en cas d’opération, cette bactérie peut être mortelle.

Mais d’après les recherches en laboratoire effectuées par le Dr Freya Harrison, 99,9 % de ces bactéries sont détruites par cette potion moyenâgeuse.

Et le plus étonnant, c’est que personne ne sait pourquoi ni comment cela fonctionne. Voyez plutôt la recette : il suffit de mélanger de l’ail, du poireau, du vin et de la bile de vache, puis laisser reposer la mixture pendant 9 jours.

Croyez-le ou non, si vous ne suivez pas scrupuleusement ces indications, il ne se passe rien. S’il manque un ingrédient, ou si vous n’attendez pas suffisamment avant de les appliquer, la potion n’a aucune efficacité.

Un mystère qui fait penser à celui du curare, ce poison utilisé par les chasseurs amazoniens pour paralyser leur proie… et utilisé depuis 50 ans par la médecine occidentale pour réaliser des anesthésies.

Car pour obtenir du curare, il faut faire cuire plusieurs plantes ensemble pendant un nombre de jours très précis. Et selon l’anthropologue Jérémy Narby, « il y avait une chance sur 6,4 milliards que l’on trouve cette recette par hasard ou par tâtonnement, sachant qu’il existe plus de 80 000 espèces de plantes dans la forêt »3.

Voyez à quel point nous avons encore des choses à apprendre des médecines traditionnelles.

Mais la supériorité de certains remèdes médiévaux est liée à d’autres raisons, beaucoup plus troublantes pour la médecine occidentale.

Non, il ne faut pas casser la fièvre 

Prenez cette « prescription » étonnante en cas de fièvre, tout droit venue du Moyen-Âge :

« Porter en amulette un os de mort ;

Enfermer dans un sachet une grenouille verte et l’attacher au cou du malade ;

S’entortiller le bras ou le cou avec les ourlets d’un linceul ;

Boire trois fois de l’eau puisée à trois puits différents et mêlée dans un pot neuf ;

Passer entre la croix et la bannière de la paroisse pendant une procession. »4

Croyez-le ou non, c’était un « remède » plutôt efficace pour guérir.

D’abord parce qu’il a l’immense mérite de ne pas « casser » la fièvre, comme le font les médicaments d’aujourd’hui.

C’est une grave erreur de notre temps que de chercher à tout prix à faire baisser la fièvre, alors que c’est un processus naturel visant à nous faire guérir. Notre corps augmente sa température pour mieux tuer les virus et bactéries, qui ne résistent pas à une chaleur trop élevée.

Il est donc problématique de prendre de l’aspirine ou du paracétamol pour faire baisser la fièvre… cela ne fait que retarder la « mort » du virus et prolonger la maladie.

Or la fièvre n’est malheureusement pas le seul cas où la médecine conventionnelle fait « pire que le mal lui-même » en interférant avec la marche naturelle de notre corps.

Les antitussifs sont un autre bon exemple. Si notre corps nous fait tousser, ce n’est pas pour nous « embêter », mais pour rejeter à l’extérieur les germes qui sont en train de nous attaquer. Si vous interférez avec la toux naturelle, vous risquez donc de vous retrouver avec une maladie pulmonaire, beaucoup plus grave que votre simple « toux » du départ.

Voilà pourquoi il est préférable de « cracher dans la gueule d’une grenouille vivante » lorsqu’on souffre de toux plutôt que de prendre un médicament inutile et dangereux.

Mais il y a encore plus fort : la force des remèdes de sorcières est qu’ils déclenchent un effet placebo massif, avec des effets thérapeutiques considérables à la clé. 

Je vous en reparle la semaine prochaine – restez connecté.

Bonne santé,

Xavier Bazin

Sources

[1] La pharmacie à travers les siècles – Antiquité, Moyen Age, Temps modernes, Emile Gilbert, 1886

[2] Curiosités De L’Histoire Des Remèdes, Comprenant Des Recettes Employées Au Moyen Âge Dans Le Cambrésis Par Le Dr H. Coulon, édition de 1882.

[3] Alessandra Moro Buronzo, La conscience de la nature, Editions La Martinière

[4] https://mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/JKL/Lacroix_P/H_M_Age/T1/H_M_Age_1_A21.htm

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